Transcription

Le journaliste :

Bonjour à tous ! Moi, c’est Charles et je suis journaliste indépendant en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de l’orpaillage illégal.

Là, on vient d’arriver à Hiré dans le sud-ouest du pays. Ici, toute la ville tourne autour du commerce de l’or. Il suffit de marcher quelques mètres dans la brousse pour tomber sur une mine d’or illégale.

Les industriels de l’or et les bijouteries sont incapables de connaître l’origine de l’or qu’ils achètent. L’or que vous portez sur votre montre ou vos bijoux provient peut-être d’une de ces carrières sauvages. Ici, les normes de sécurité sont inexistantes. Les populations, parfois des enfants, travaillent comme des forcenés.

Les sols sont détruits et pollués pour au moins 15 ans. L’orpaillage grignote ainsi des terres où l’on cultivait avant du cacao. L’orpaillage illégal est devenu endémique pendant la crise politique qu’a connue la Côte d’Ivoire.

 Damsi, orpailleur :

Moi, je ne connaissais pas le travail de l’or. Je suis venu travailler avec un ami, il m’a montré le métier. J’ai fait deux semaines, il m’a donné 30 000 francs CSA. J’ai vu que 30 000 c’était beaucoup. Je n’ai pas d’autre choix, mon père est décédé, je ne peux pas aller à l’école donc je suis resté dans ce milieu. J’ai appris progressivement le métier. Je travaille avec mes amis, les voici !

Le journaliste :

Aujourd’hui, on estime qu’il y a encore 500 000 orpailleurs qui travaillent en Côte d’Ivoire.

Là, on est au centre sanitaire d’Hiré. On vient de rencontrer le médecin qui nous a parlé des problèmes sanitaires liés à l’orpaillage clandestin. D’abord, la prévalence de VIH est extrêmement élevée ici à cause des réseaux de prostitution qui suivent les orpailleurs. L’eau est un autre problème sanitaire majeur. L’eau courante n’arrivant pas jusqu’ici, les habitants boivent l’eau du puits. Or, cette eau peut être contaminée par le cyanure ou le mercure utilisés pour l’orpaillage. Plusieurs pathologies de la région pourraient avoir été causées par ces produits toxiques. Le médecin nous a par exemple parlé d’un nombre anormalement élevé d’infections de la peau et de diarrhées dans cette région. La Côte d’Ivoire a récemment annoncé qu’elle allait chasser tous les orpailleurs illégaux. Ces mesures répressives se sont pourtant montrées largement inefficaces : si vous chassez un orpailleur, il ira creuser quelques kilomètres plus loin. La seule solution, c’est de régulariser. Au Sénégal, par exemple, la carte professionnelle d’orpaillage artisanal permet d’encadrer le métier depuis 2013. Mais on peut aller encore plus loin, au Pérou, la Fondation Max Havelaar, a lancé un label de commerce équitable de l’or. Ce label garantit un prix minimum ainsi qu’une protection environnementale et sociale et il interdit le travail des enfants. Au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso, un réseau d’ONG tente de créer un label similaire.

En attendant, c’est à nous, consommateurs, d’exiger un or propre pour pousser les groupes aurifères à contrôler leurs filières d’approvisionnement.